28ème Derby de La Meije - La Grave

Le 28^ème Derby de la Meije 2016 – La Grave, descente sur la neige

Depuis plus de 20 ans, je connais cet événement festif qui se déroule au pays de la Meije.

C’est The rendez-vous des mordus de glisse.

Je l’ai rêvé, j’y suis passé mais je ne m’y étais jamais arrêté.
Cette fois-ci je roule avec un Volkswagen Multivan 4motion, véhicule adapté à la montagne…et je suis invité à participer.
Je suis inscrit en tant qu’ouvreur de la compétition.

Bon, je vais où exactement ?

Sur ma carte, je pointe le village de La Grave qui se situe au pied du Vallon de la Meije.
Un village qui a su préserver « l’esprit montagnard », tout en s’ouvrant au tourisme et à l’évolution des techniques.
Arrivée après une route excellente. Je contourne le Lac Chambon et je remonte la départementale D1091 qui mène au Col du Lautaret. La Grave, j’y suis et il y a peu de neige.

Au centre du Village, je regarde plein Sud: j’y vois un vallon, un glacier suspendu, c’est énorme !
Plein de mélèzes et dès que je lève la tête ça devient très vite ambiance Haute Montagne. Très minéral. J’adore déjà.
Devant moi, La Meije qui est composée de trois sommets principaux dont le Grand Pic qui culmine à 3983 mètres.
Je suis dans les écrins, entre Grenoble et Briançon, juste avant le Col mythique emprunté par le Tour de France. On peut y faire du Ski de Rando et du Snowkite.

Au centre du village, les magasins de ski sont nombreux. Tous sont orientés ski freeride & ski de rando.
Les bars sont remplis de skieurs et surfeuses dont le visage est marqué par le soleil.
Les traces de lunettes font partie du paysage et tous partagent leurs sensations autour d’un verre. Ambiance…

Pour l’heure, je vais aller chercher mes forfaits, mon dossard et me présenter au sein de l’Organisation du Derby de La Meije. J’y reçois un chapeau en paille et un T-shirt à l’effigie du Derby 2016.

Voilà, maintenant je redémarre le Volkswagen Multivan pour me rendre à Villar d’Arêne à 1650 mètres d’altitude, le petit village suivant La Grave, dans la vallée du Parc National des écrins. On y trouve les dernières habitations en pierre du pays avant le Col, sur un versant orienté Sud-Ouest. Plein soleil !

C’est un bon point de passage pour se ravitailler lors de randonnée, et le Gr 50 y passe à proximité.

Je suis accueilli par Marie-Ange et Franck, propriétaires et gérants de l’Auberge des Trois Frênes.

Cet hôtel situé dans le village montagnard propose de belles petites chambrées agréablement décorées, munies d’une salle de bain et toilettes, tv et wifi, et une vue sur le Pic de l’Homme.

La maison date d’environ 300 ans, réunit une douzaine de chambres à partir d’une quarantaine d’euros, ayant un charme certain et un restaurant au rez de chaussée.
La tradition culinaire est au rendez-vous : crozet, tartiflette, tourte et ravioles, ….

Il faut que je prépare ma journée de demain. Objectif : faire une reconnaissance du terrain afin de découvrir les différents points de passage, les endroits à éviter.
Mon sacs Millet est rempli d’en-cas, d’eau, d’une carte ign, ma pelle Ortovox, ma sonde, mon Dva, mon masque de ski, une doudoune et un bonnet s’il fait vraiment très froid.
Mes chaussures sont au chaud et mes skis Mythic Light achetés chez Starpole en Belgique sont déjà vérifiés.
Sur le lit, ma montre Suunto Ambit 2 est chargée, mes chaussettes dépliées, mes gants recousus, mon masque est propre et ma veste Millet en Gore-tex n’attend que moi.
Je vais aller skier en caleçon américain Rose et une perruque verte suite à la soirée génépi qui nous pousse un peu à skier “déguisé” à La Grave.

23h00 il est temps de dormir et rêver de la journée de demain.
07h00 Petit déjeuner à la française.
Viennoiseries et baguettes, beurre et miel des écrins plus un café et Go !

A l’ouverture du téléphérique des glaciers de la Meije, nous y sommes enfin.

Un grand panneau indicatif des risques liés à la pratique du ski en Haute Montagne est présent.

J’embarque dans une des nacelles datant de 1976 avec mes deux amis skieurs et lors de la montée je découvre un terrain grandiose, immense et sauvage sur lequel les amoureux des grands espaces sillonnent au gré des itinéraires de « Chancel” et des « Vallons de la Meije ».

Faudra pas se perdre, être prudent et assurer le retour à l’auberge.
Vers 1600 mètres, un stop rapide à lieu à la gare intermédiaire des combes. Nous avons survolé une forêt de mélèzes et de pins. 2ème stop à la gare de Peyrou d’Amont, nous sommes déjà à 2416 mètres d’altitude.
Plus d’arbre, juste des rochers, des couloirs plus ou moins raides selon l’endroit où l’on regarde.
Pas une seule piste balisée, comme dans les autres stations.

Nous sommes en pleine montagne et les traces à faire ne manquent pas.

On descend le temps d’un vin chaud, en attendant le départ suivant 5’ à peine plus tard.
Maintenant on a une vue directe sur le glacier de la Meije et le glacier du Râteau.
La Glace est bleutée, grisonnante par endroit. Dans les pentes sous les séracs je découvre des blocs de roches plus ou moins importants. Nous sommes quand même au printemps, les différences de températures peuvent être importante et va falloir garder ses distances par rapport à ces chutes de blocs de glace ou de rochers ainsi que des coulées ou avalanches.

Me voici maintenant à La gare des Ruillans, 3100 mètres d’altitude. Située à la jonction entre le glacier de La Girose et le Glacier du Vallon. Le restaurant nous accueillera au petit déjeuner, pour un « Grog » le jour de la course.
En attendant, je descends le glacier du vallon pour rejoindre la gare de Peyrou et aller participer aux 4 ateliers “montagne” qui sont mis en place.

Atelier Crevasse avec les guides de Haute Montagne, Atelier recherche de victime d’avalanche avec utilisation de mon dva, ma sonde et ma pelle, Atelier/Stand Recco, un système de recherche utilisé par les professionnels de la montagne et un atelier d’essai de Wingjump avec l’équipe de Ripair.

J’ai passé une excellente journée et ces ateliers nous apportent de l’autonomie pour la progression en montagne.

Je précise que les ateliers sont gratuits et encadrés par des pros. Il s’agit d’une petite zone d’expo de nouveaux produits et une tombola pour les participants aux ateliers.

Je vais tout de même monté au sommet. Donc via la gare de Peyrou d’Amont, au col j’ai pris le téléski pour arrivé au Dôme de La Lauze. Présence d’un Altiport et nous sommes au-dessus de la station des deux Alpes.

C’est ici, du Col de La Lauze à 3512 mètres d’altitude que le départ se fera par groupe de 10 personnes à chaque minute.

On joue ? Première descente jusqu’au col au sommet du glacier du Vallon soit 200 mètres de dénivelé.
Je tire tout droit et je traverse le glacier, il me faut qu’une minute pour être au col et je passe à droite de la gare mais après ça se complique. Plus de piste, je suis bien en terrain hostile, La montagne ! Les Ecrins.
C’est parfois raide, plein de bosses, la neige est molle par endroit, bien dure à d’autres.
La descente est technique et longue.
Il faut tenir bon jusqu’en bas et se faire plaisir surtout.

A L’heure pour le Briefing:
On m’annonce que le départ cette année se fera du Dôme de La Lauze, à 3550 mètres d’altitude, arrivée après environ 2000 mètres de descente, non loin de la cascade de la meije. La compétion est ouverte au Snowboard, Ski, Monoski, Télémark, Engins spéciaux incluant Handiski, seul ou en équipe. La ligne d’arrivée se situera là où la neige sera la limite.

La sécurité: On ne lésine pas. Tout le monde devra être équipé et contrôlé pour une sortie en haute montagne. Les avalanches sont possibles, les chutes de séracs, de blocs de pierres. La météo est donnée, et pour que la compétition se fasse, l’hélicoptère de la Gendarmerie doit pouvoir voler sinon ce sera annulé.
Porteur de détecteurs de victimes d’avalanches, vérification des piles et casque homologué ski sur le crâne obligatoire.
Le Topo est planté tel un baton !

Place à la soirée et Tombola, je repartirai avec des détecteurs Recco, un sifflet Recco et un bonnet.
Le plus chanceux a même reçu une belle paire de ski.

Durant la journée il a fait chaud, cette nuit il gèle, demain matin probablement que tout sera bien gelé avec une neige très dure sur le haut. Je sais que je pars en tant qu’ouvreur, donc très tôt. J’ai quelques gros soucis de confort dans mes chaussures, je fais avec.
Les meilleurs mettent moins de 8 minutes pour atteindre la ligne d’arrivée. Motivés, équipés de ski assez grands et très larges, habillés de protections comme pour un terrain de rugby; ces jeunes sportifs descendent tout droit ou presque, après avoir étudié le terrain durant toute la saison. Une certaine folie les accompagne.

Le grand Jour:

Rendez vous au restaurant d’altitude, entièrement équipé pour la descente. Les guides sont déjà en haut en train de sécuriser les passages délicats. La météo n’est pas bonne du tout. Les participants arrivent et s’amassent dans le resto d’altitude. Les déguisements sont nombreux. Une bonne ambiance règne ici mais la course aura t’elle lieu?
Le comité de sécurité travaille pour descendre le point de départ. Le plafond est trop bas. La visibilité est nulle.
Les heures passent et on parle d’une fenêtre possible pour lancer le départ. L’odeur du café se mélange au génépi puis c’est la mauvaise nouvelle. Le Derby de La Meije 2016 est annulé. La mauvaise visibilité empêche d’avoir une bonne sécurité sur l’évènement. Hélas L’hélicoptère ne pourra plus voler aujourd’hui.